LE CHEMIN MENANT DE LA PALESTINE . . .
Lorsque la Grande-Bretagne s’est portée volontaire pour remettre la patrie d'autrui, même partiellement à des colons provenant surtout de l'Europe de l'Est, donc n’ayant aucun lien commun avec les peuples du Proche-Orient, les Palestiniens se sont dressés contre les nouveaux arrivants. Leur opposition ne tenait pas au fait qu’ils étaient Juifs, mais parce qu’ils arrivaient sans invitation comme colons, dont le but sioniste déclaré était d’arracher le pays, en tout ou en partie, à son peuple pour se l’approprier. La population autochtone arabe palestinienne de confession juive habitant au pays avec ses concitoyens palestiniens de confession chrétienne et musulmane n’était pas impliquée dans ce projet. À part quelques individus parmi le leadership juif, la plupart des nouveaux immigrants n’avaient pratiquement aucune idée qu’il y avait encore des Juifs en Terre-Sainte depuis le temps des Romains !
Ayant observé les débuts d’un processus subtil établi pour les déposséder de leur terre, après que la Grande-Bretagne eut rendu officiel son engagement à transformer la Palestine en Foyer national juif à travers la Déclaration de Balfour en 1917, l’opposition palestinienne est devenue de plus en plus vocale. Au cours des années vingt, les Palestiniens devinrent un peu mieux organisés et commencèrent à cibler manu militari les institutions et les troupes britanniques, ainsi que les individus et les colonies juives. Ces derniers naturellement ripostaient pour se défendre. Ainsi commença le cycle de la violence qui continue jusqu’à nos jours.
La responsabilité historique de la Grande-Bretagne dans la tragédie des Palestiniens est énorme. Les Britanniques doivent être tenus responsables devant le peuple palestinien pour le mal qu’il leur ont causé en s’appropriant de leur pays, et pire encore, en l'attribuant à un autre peuple sans même dire « s’il-vous-plaît » !
Les chefs du Mouvement sioniste, tels que le Dr. Chaim Weizmann et David Ben Gourion, savaient très bien que la Palestine était peuplée, et que la population palestinienne du pays s’opposerait à l’idée d’emmener des Juifs européens pour créer un Foyer national juif dans leur pays. D’autre part beaucoup parmi les immigrants/colons juifs furent bien surpris de découvrir que la Palestine était déjà peuplée, et non pas « une terre sans peuple, à la recherche d’un peuple sans terre »27. Une bonne partie de la population juive, même aujourd’hui, continue de considérer les Palestiniens comme des « squatters, ou des sans-abri arabes » et des étrangers venant de pays limitrophes, qui ne sont pas les bienvenus et qui avaient pris d’assaut la « Terre promise », pendant que ses propriétaires légitimes étaient absents au cours des derniers deux mille ans !28
Mohamed Ali Eltaher s’est opposé sans équivoque à l’invasion coloniale forcée de son pays et de son peuple. Si les colons avaient été autres que des juifs européens, il se serait opposé à leur immigration avec la même détermination, même s’ils avaient été Arabes ou autres.
N’oublions pas qu’au cours de leur histoire, les peuples de la Méditerranée orientale, dont la culture est basée autour du concept du partage, ont accueilli plusieurs générations de réfugiés et de personnes déplacées de partout, qu’ils soient Juifs, Chrétiens ou Musulmans. Sans vouloir s’attarder sur l’histoire des juifs d’Espagne violemment chassés du pays par l’Inquisition catholique. Un exemple à citer serait celui des réfugiés arméniens qui ont été installés dans la région après la première guerre mondiale sans en demander l'avis de quiconque.
Les réfugiés Arméniens, néanmoins, se sont amalgamés aux peuples de la région sans menacer qui que ce soit, et sans s’approprier les terres d’autrui. Parmi eux il y a eu éventuellement hommes d’affaires riches, artistes, avocats, ministres et députés dans les parlements arabes. On compte même ceux qui ont adopté des causes nationalistes arabes et palestiniennes comme étant les leurs. Personne n’a jamais demandé qu’ils renient leur héritage, leur religion, ou leur identité. Quant à eux, ils ne se sont jamais sentis poussés à devenir Arabes ou contraints à se convertir à l'Islam pour en bénéficier davantage. Les colons européens juifs auraient pu faire la même chose que leurs ancêtres et vivre en paix avec tout le monde. Si cela avait été le cas, il est possible que le problème israélo-palestinien n'ait jamais existé, et que la Terre-Sainte aurait continué à être vraiment sainte pour tous les croyants.
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