Mohamed Ali Eltaher
 

Biographie

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Dar Ashoura” a aussi accueilli Choucri Bey El-Qouatli, ancien et futur président de la Syrie et même ses adversaires politiques. Lorsque la Syrie luttait pour son indépendance, El-Qouatli et ses adversaires politiques se rencontraient à “Dar Ashoura” et discutaient de tout sauf de leurs différents politiques. Avant même la parution du journal “Ashoura”, le leader tunisien Abdelaziz Thaalbi fréquentait le magasin d’Eltaher lorsqu’il visitait l’Égypte en 1922 et rencontrait d’autres nationalistes des pays du Levant. Un quart de siècle plus tard, “Dar Ashoura” devint le lieu de rencontre préféré d'Habib Bourguiba, le nationaliste tunisien qui devint éventuellement premier ministre, puis président de son pays ainsi que ses autres compagnons tunisiens; ils ont tous trouvé à “Dar Ashoura” un endroit où ils pouvaient exprimer leurs frustrations quant à la brutalité du régime colonial et établir des contacts avec les leaders d’autres nations et pays.

Mohamed Ali Eltaher parmi ses visiteurs à Dar Ashoura au Caire en 1950.
De droite à gauche: Cheikh Abdallah El-Fadl, Ambassadeur du Royaume d'Arabie Saoudite en Égypte; Ali El-Moayyad, Ministre plénipotentiaire du Yémen au Caire; le Général Saleh Harb Pacha, Ministre égyptien de la guerre; Ahmad Hilmi Pasha, Premier Ministre du Gouvernement de Toute la Palestine; Émir Sayf El-Islam Abdallah, Ministre des affaires étrangères du Yémen

Parmi ceux qui visitaient “Dar Ashoura” on comptait les leaders de l’indépendance marocaine, avec à leur tête Allal El-Fassi, l’Émir Abdelkrim El-Khattabi, leader du Rif au nord du Maroc, et l'uléma Islamique algérien sheikh Mohamed Bachir El-Ibrahimi (père de Lakhdar Ibrahimi, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies). Un autre visiteur était Idriss Senoussi, qui est devenu roi de Lybie après son indépendance de l’Italie en 1951; de même que Saleh Masoud Bouyasir, le ministre des Affaires étrangères libyen sous la république, qui fut tué lorsque des chasseurs israéliens ont attaqué un avion civil libyen le 21 février 1973 près d’Ismaïlia en Égypte sous prétexte que l’appareil était soupçonné d’être trop proche de l’espace aérien d’Israël.

Eltaher se portait aussi comme garant pour quelques-uns et un exemple à émuler par d’autres. Il jouait parfois un rôle tout à fait autre que celui d’écrivain ou de nationaliste. Il se voyait parfois d’agir comme gardien pour les jeunes étudiants envoyés pour y poursuivre leurs études en Égypte par leurs parents des pays Arabes et Islamiques.

Une fois un jeune indonésien nommé Abdelqahhar Muzzakkar, que les parents avaient envoyé au Caire pour poursuivre ses études scolaires, s’était trouvé coupé de sa patrie lorsque la deuxième guerre mondiale éclata. Eltaher, qui était son gardien, a immédiatement accouru à son secours et l’entoura de sa bienveillance. Lorsque je jeune Muzzakkar a échoué dans son examen final de grammaire Arabe connu sous le nom “Achmouni”, suivant le nom de l’auteur du livre de grammaire, et la direction de son institut lui imposa de doubler l’année scolaire, Eltaher, furieux, se rendit chez le ministre de l’éducation publique.

Il raconta l’histoire au ministre, lui décrit la situation de ce pauvre Muzzakkar coupé des siens en terre étrangère, et dont l’Arabe n’était finalement pas sa langue maternelle. Eltaher souligna que si lui, le ministre, aurait à subir ce fameux  examen du “Achmouni” il flanquerait l’examen! Le ministre, possiblement Ahmad Ziwar Pacha, se laissant convaincre par les arguments d’Eltaher, s’empressa de communiquer avec le Conseil scolaire et leur ordonna de livrer le diplôme de fins d’études à Muzzakkar malgré ses mésaventures avec la grammaire arabe, déjà assez compliquée pour les natifs du monde arabe! L’ironie du sort en ait que plusieurs années après cet incident, Muzzakkar finira par être nommé comme doyen de l’Université islamique de Jokjakarta dans son pays.   

Tout ce monde et d’autres trouvaient à “Dar Ashoura” donc une porte ouverte et accueillante pour tous, et pouvaient discuter de tout ce qui les intéressait. Sans oublier que leurs discussions intéressaient Eltaher aussi, car il croyait profondément que les causes de tous ces pays et nations étaient aussi les siennes, et que la question palestinienne constituait une partie intégrante de toute les autres questions arabes et islamiques.

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